Ces articles traitent de la masculinité dans la littérature et la musique françaises. Contenus: Trois femmes puissantes (Marie Ndiaye), la domination masculine B. Bourdieu et "Kid" (Eddy de Pretto).
Marie Ndiaye est née à Pithiviers dans le Loiret, de mère française et de père Sénégalais. Elle passe son enfance dans la banlieue Parisienne. Son père quitte la France pour l’Afrique alors qu’elle n’a qu’un an. Elle l’a vu quelques fois. C’est donc sa mère qui s’occupe d’elle et son fils ainé.
Avec sa touche autobiographique et son écriture fluide et élaborée, l’auteure Marie s’inspire de son vécu pour écrire le roman «Trois femmes puissantes» en rédigeant exclusivement, comme elle l’a déjà avoué dans l’un de ses interviews, un livre dont les événements se passent dans son pays natal. Grâce à ce roman, initialement tiré à des milliers d’exemplaires, l’auteure reçoit le prix Goncourt 2009.
1. Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye :
Marie Ndiaye est née à Pithiviers dans le Loiret, de mère française et de père Sénégalais. Elle passe son enfance dans la banlieue Parisienne. Son père quitte la France pour l’Afrique alors qu’elle n’a qu’un an. Elle l’a vu quelques fois. C’est donc sa mère qui s’occupe d’elle et son fils ainé.
Avec sa touche autobiographique et son écriture fluide et élaborée, l’auteure Marie s’inspire de son vécu pour écrire le roman «Trois femmes puissantes» en rédigeant exclusivement, comme elle l’a déjà avoué dans l’un de ses interviews, un livre dont les événements se passent dans son pays natal. Grâce à ce roman, initialement tiré à des milliers d’exemplaires, l’auteure reçoit le prix Goncourt 2009.
La vie de l’auteure nous pousse à réfléchir sur son choix des personnages de son œuvre. Ce dernier se compose de trois récits, chacun centré sur l’une des trois femmes Norah, Fanta et Khady Demba. Le lien entre les histoires est ténu: ces personnages d’une force intérieure inébranlable , se croisent brièvement, une adresse écrite sur un bout de papier…Le thème récurrent est celui de l’humiliation et la honte vécues par ces trois femmes qui au fur et à mesure, faites d’elles «Trois femmes puissantes».
La première femme Norah, avocate âgée de 38 ans. L’auteure la présente tout d’abord comme une fille (en parlant de son père) ensuite comme une mère, puis comme une amante et enfin comme une sœur; peut-être afin d’acquérir une vision globale de la femme dans la société sénégalaise.
Le premier récit commence par le retour de Norah chez son père en Afrique, Dara Salam au Sénégal. Elle découvre à son retour aux sources, un père brillant qui vit relativement modestement mais qui est aussi déjà devenu « un vieil oiseau épais, à la volée malhabile et aux fortes émanations». Son père qui a quitté la France, emmène avec lui son fils Sony âgé de cinq ans. C’est pour cette raison qu’il fait signe à sa fille «car j’ai à te parler de choses importantes et graves», ce qui n’a pas mentionné dans la lettre qu’il lui a envoyée. Sony, au fil des années, est devenu introverti, déconnecté du monde réel: «ce démon s’était assis sur le ventre du garçon est ne l’avait plus quitté». Il a fait de brillantes études avant de tomber amoureux de sa jeune belles mère et d’être accusé de l’avoir tué. Donc on connait la raison du retour de Norah au Sénégal ... son père lui demande de défendre son frère devant les tribunaux.
Dans ce premier récit, on ressent des êtres brisés par l’abandon familial. Les personnages flottent ...Rien chez eux n’est stable identiquement parlant: «Elle l’aurait aimé lui dire maintenant: Tu te rends comptes, tu nous parlais comme à des femmes et si nous avions un devoir de séduction, alors que nous étions des gamines et que nous étions tes filles» (Ndiaye, 15).
A travers le premier récit, la narratrice suggère au lecteur le rapport au père, en présentant cela à la fois comme épreuve structurante et comme traumatisme intérieur . Structurante, en apparence, parce que la force qu’il a fallu rechercher pour faire face à l’abandon du père a permis la ténacité dans les études et le succès dans le travail ; mais le traumatisme profond, dû à cet abandon, a laissé des traces. Norah pense avoir dépassé la douleur ressentie pour ne pas avoir eu « ce don si précieux et si nécessaire [au] narcissisme [de l’enfant] qu’est la présence aimante et structurante d’un père » (67). Elle semble avoir dépassé « le coup fatal quand il retire son amour par peur de l’inceste, quand il méprise leur féminité ».
Le deuxième récit se tourne, comme par défaut, autour de Fanta, absente physiquement, mais présente dans «l’esprit mesquin» de son mari Rudy Descas, le choix de son nom semble rendre hommage à l’auteur français Alex Descas ou bien il s’agit d’un écho humoristique de «Descartes » ...
Fanta, enseignante de français qui a épousé, il y a quelques années, Rudy, 43ans, vendeur de cuisine aux établissement Manille, qui craint «d’avoir enfermer Fanta dans une prison froide». Aujourd’hui, le couple vit dans le Bourdelais avec Djibril, leur fils âgé de 7 ans.Depuis quelque temps, Rudy souffre d’une dissension affective avec Fanta et son fils d’une part, et avec ses collègues de travail d’autre part. «Il avait perdu réputation et dignité et il était rentré en France entrainant Fanta, en sachant que la flétrissure le poursuivrait car elle était en lui...» (182).
On le découvre enfermé dans son ressassement. En cette journée pas comme les autres, il voue une haine immense à Manille son chef, ex-copain d’enfance et amant supposé de sa femme Fanta. Tiraillé physiquement par des hémorroïdes, il est attaqué en rase compagne par une buse qui n’a cessé de le poursuivre.
Les deux récits semblent liés l’un à l’autre par un phénomène de l’intertextualité avec sa mise en scène d’un picaro hypermoderne, d’un homme miné par ses doutes quant à sa masculinité .Descas protagoniste, en crise émotionnelle, économique et identique permanente est une sorte de héro déchu, dont la vie a été bouleversée par une seule phrase lancée à sa femme africaine Fanta qui l’avait suivi en France :«Tu peux retourner d’où tu viens» ne cesse de revenir dans son monologue intérieur.
Au fil des pages, on apprend qu’à l’âge de son fils Djibril, Rudy aurait assisté à l’assassinat par son père Abel de son associé Salif en roulant dessus par une voiture.
Tous ces événements, semblent au lecteur, similaires à ceux du premier récit: même lieu géographique, même métier: gestionnaire d’un village de vacances à Dara Salam et même genre d’homme: flou, fermé à toute discussion et émotionnellement instable. L’auteure incite, d’une telle manière, le lecteur à saisir à tout prix les problèmes essentiels occasionnés par la disparition d’un homme à sa descendance.
Le troisième récit se centre sur une troisième femme qui s’appelle Khady Demba. A Dakar, Khady, une jeune femme veuve de vingt-cinq ans. Elle tenait avec son mari, avant sa mort, une buvette dans la médina, elle part vivre dans sa belle-famille. A travers ce récit, l’auteure voulait mettre sous la lumière, les pensées et les préjugées de la société sénégalaise sur la femme « veuve sans biens, sans enfants ». Elle est ignorée par le groupe familial. Un soir, « sa belle-mère lui donna une bourrade dans les reins. - Prépare tes affaires. »
Un homme, vêtu à l’occidentale, portant des « lunettes de soleil miroitantes », Lui a conduit à l’autre bout de la ville. Elle rejoint un groupe d’immigrés clandestins avec lesquels, à la nuit tombée, elle embarque dans un canot à destination de l’Europe. Mais au dernier moment, Khady se jette hors du bateau et regagne le rivage en se blessant gravement.
Recroquevillée sur la plage, elle fait la connaissance de Lamine, un jeune homme de vingt ans qui connaît « une filière sûre » qu’elle croyait qu’il va l’aider pour aller en Europe en disant que le trajet pourrait « durer des mois, des années. » Errants dans la ville, les deux, finissent par monter à bord d’un camion afin de traverser le désert en direction du Nord.
Commence pour Khady une lente et inexorable descente aux Enfers. Après avoir vécue beaucoup de problèmes, elle se retrouve isolée dans une petite ville en plein désert. Lamine la trahit, lui vole son argent et l’abandonne. Pour survivre, elle se prostitue. De plus en plus affaiblie, aussi bien physiquement que psychiquement, elle n’est bientôt plus qu’un lambeau humain qui scande fièrement son nom : « C’est ce que je suis, moi, Khady Demba ! » Avec ce dernier récit d’une violence émotionnelle extrême, Marie Ndiaye nous incite à lire, en sous-jacente de l’histoire de Khady, les mécanismes de la décomposition mentale d’êtres humiliés. De la grande littérature.
En analysant trois cas précis : le rapport entre une africaine habitant la France et un Africain habitant l’Afrique ; entre une Africaine et un Français ; entre deux africains. La critique y voit trois cas de rapport à l’autre pour regarder aux différentes situations d’intersectionnalité dans le mélange des cultures et des races Marie NDiaye raconte des vies déchirées entre l’Afrique et la France. Une interrogation sur la condition humaine la plus contemporaine et c’est indubitable que les deux mondes se font face dans les trois épisodes du roman pour mettre en cause la famille et la société, en soulignant la « puissance » des femmes.
Pour conclure, ces trois femmes partagent la même volonté d’une puissance qui leur réunit pour faire face aux humiliations rencontrées tout au long de leurs chemins de vie, quel que soit la classe socio-professionnelle ; traumatismes causés par l’abandon parental ou familial, préjugés menés par la société sur la femme veuve et relations interpersonnelles, pour à la fin réussir à durcir ce noyau de force intérieure acquise.
Bibliographie:
Marcotte_Anne_MA_2019.pdf (usherbrooke.ca)
http://africultures.com/trois-femmes-puissantes-9012/
Marie NDiaye, lauréate du prix goncourt, s'exprime dans Interlignes sur "Trois femmes puissantes" (YouTube).
Trois Femmes Puissantes - Marie NDiaye (YouTube).
Marie NDIAYE – Trois femmes puissantes (uwa.edu.au).
2. La domination masculine B. Bourdieu
C’est quoi être un homme aujourd’hui ?
Avoir de «la domination masculine» ?
Afin de décortiquer la vision des hommes sur la masculinité, on a posé cette question sur cinq jeunes hommes âgés entre 20 et 34 ans, pour enfin la comparer au concept du sociologue ‘’Pierre Bourdieu’’ qui a bien enrichit la discipline, par l’intermédiaire de son livre «la domination masculine» © Éditions du Seuil, 1998.
Frank 24ans:
«Difficile à dire...j’y réfléchis depuis! Rien ne s’applique plus uniquement à la masculinité».
Affirme Frank en disant que la masculinité est un trait de caractère qui n’est pas forcément liée au sexe ou bien aux orientations sexuelles.
Alex 30ans :
«être centré sur soi-même, avoir confiance en soi, être passionné et combattant ...c’est un luxe quand on est un homme de vivre sa vie sans être obligé de se dire « je suis un homme».
Ryan 34ans:
«Comme étant artiste et rappeur, je vois que la dureté des paroles de mes chansons, font de moi le rappeur que je suis maintenant, c’est le pilier de mon art».
Ayoub 27 ans:
«La masculinité est l’ensemble de traits de caractère (ou normes) que la société essaye d’imposer aux hommes ... Être homme aujourd’hui, c’est faire partie d’un combat de l’égalité entre les deux sexes. Il faut arrêter de penser qu’être homme signifie être toujours fort et ambitieux!»
Adam 20ans:
«Je crois qu’il s’agit surtout de choisir ses propres décisions et de restreindre les choses. La féminité, c’est voir le tableau dans son ensemble et les hommes comme les femmes peuvent avoir des traits masculins et féminins consciemment ou inconsciemment».
Ces différentes perspectives qui tournent au tour du thème de la masculinité, nous rend plus curieux de découvrir les réflexions de l’auteur et sociologue Pierre Bourdieu sur ce dernier. Et bien comme il a déjà mentionné dans son œuvre «Je ne me serais sans doute pas affronté à un sujet aussi difficile si je n’y avais été entraîné par toute la logique de ma recherche… » (Bourdieu, 13), alors il ne faut pas nier la complexité d’un sujet pareil. C’est ce qu’il l’a poussé de le traiter en une centaine de pages exclusivement centrées sur cette question. Il a bien mentionné les concepts qu’il a forgés dans son travail antérieur (Habitus, violence symbolique, marché des biens symboliques) les formes spécifiques d’un rapport de domination entre êtres humains, tellement incorporé dans nos schèmes de perception, de pensée et d’action qu’on ne ressent plus que c’est gênant. L’auteur qui a déjà publié en partie ses idées développées dans un article paru en 1990 dans Actes de Recherche en Sciences Sociales, les présentent de nouveau mais d’une façon plus approfondie en trois grands chapitres:
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- Quote paper
- Janis Alina Hindelang (Author), 2021, Représentations de la masculinité dans la littérature contemporaine en France, Munich, GRIN Verlag, https://www.hausarbeiten.de/document/1023171